Actualités françaises

à Paris, des manifestants ont décidé de « mettre la France à l’arrêt »


De notre envoyé spécial dans le cortège parisien – Des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté mardi à Paris à l’appel des syndicats contre la réforme des retraites. Face à un gouvernement qu’il juge « sourd » aux revendications de la rue, nombre d’entre eux soutiennent les grèves reconductibles mais aussi le blocage du pays.

Des manifestants prêts à « durcir » le mouvement. Ils étaient entre 81.000 (selon la police) et 700.000 (selon la CGT) à battre le pavé parisien, mardi 7 mars, pour demander au gouvernement d’abandonner son projet de réforme des retraites quitte à « bloquer le pays ».

Sonos hurlants, banderoles et camions colorés, l’impressionnant cortège s’est élancé un peu après 14 heures sur le boulevard Raspail. « Augmenter les salaires, pas l’âge de la retraite », « Plus de retraités joyeux, moins de fraudeurs fiscaux » pouvait-on lire sur les pancartes, sans oublier le traditionnel « Vous nous mettez 64, nous mai 68 ».

Les organisations étudiantes ont défilé lors de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites le 7 mars 2023. © Grégoire Sauvage

Parmi les manifestants, beaucoup espèrent « un tournant » en cette sixième journée d’action, censée faire monter d’un cran la pression sur le gouvernement, notamment avec l’arme des grèves reconductibles. Des mouvements qui pourraient toucher de nombreux secteurs dans les prochains jours, notamment l’énergie ou les transports.

« Nous sommes prêts à durcir le mouvement comme en 1995 et à faire grève indéfiniment. Il faut mettre l’économie à genoux. Pour obtenir un résultat, il faut un rapport de force », assure Yazid, en chasuble rouge de la CGT bâtiment. Il est vent de face contre une réforme qui selon lui ne tient pas compte de la pénibilité de son travail : « chaleur », « espaces confinés », « charges lourdes »…


Des membres de la CGT posent devant l'entrée du palace parisien Lutecia, le 7 mars 2023.
Des membres de la CGT posent devant l’entrée du palace parisien Lutecia, le 7 mars 2023. © Grégoire Sauvage

Même son de cloche avec son collègue Hadj. « On parle de mettre l’économie à genoux. Ça nous fait mal au coeur. Mais si on ne se bat pas aujourd’hui, demain ils nous prendront d’autres choses », s’inquiète ce colosse qui en veut aux « mensonges » des gouvernement, notamment la revalorisation « minimum » de 1200 euros par mois « pour tous les retraités ». En réalité, cette mesure ne concernera que 10 000 à 20 000 bénéficiaires par an, a récemment reconnu le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

>> A lire sur France 24.com : Réforme des retraites, une communication gouvernementale souvent pointée du doigt

« Bloquer est la seule solution »

Au-delà des membres de la CGT, fidèles à la ligne dure prônée par la direction de la centrale de Montreuil, d’autres manifestants disent vouloir « mettre la France à l’arrêt » face à un gouvernement qui fait la sourde oreille.

« Pour moi, il faut tout bloquer, c’est la seule solution », lance Vanessa, une infirmière de 47 ans qui porte pour l’occasion une blouse blanche sur laquelle est dessiné un cercueil. « On est épuisés et c’est de pire en pire. Je travaille depuis l’âge de 16 ans, j’ai trois enfants et maintenant des parents qui vieillissent. Je me dis qu’on a aussi le droit de ne pas se lever et d’aller travailler à plus de 60 ans », s’indigne l’aide-soignante, qui assure ne pas être syndiquée.

« Manifester plusieurs fois, évidemment ça n’apporte rien donc je pense qu’il faut bloquer parce que le gouvernement n’écoute pas », estime Christelle, de la CFDT, qui cite en exemple le cas des blocages de raffineries et de dépôts pétroliers qui ont s’est produit. à l’automne 2022.


Le cortège CFDT lors de la manifestation contre la réforme des retraites, le 7 mars 2023.
Le cortège CFDT lors de la manifestation contre la réforme des retraites, le 7 mars 2023. © Grégoire Sauvage

Officiellement, la direction du syndicat réformiste n’appelle pas au « blocage du pays », tout en se disant favorable à un durcissement du mouvement. La CFDT craint notamment de perdre le soutien de l’opinion publique en cas de pénurie de carburant ou de difficultés à répétition pour les usagers des transports ou dans l’éducation nationale.

Tenir dans le temps

« Pour nous il ne faut pas bloquer mais à un moment donné cela peut être nécessaire », glisse Thierry 60 ans, employé dans l’administration et membre de la CFDT. Maintenant, c’est là pour rester et le gouvernement doit pouvoir nous écouter, mais plus ça ira, moins le mouvement sera populaire ».

« L’intersyndicale donne des orientations, définit une stratégie mais au final, ce sont les salariés qui décident ensemble de la mise en place d’une stratégie adaptée à la situation de leur poste, de leur entreprise et de leurs revendications », assure Vincent Gautheron, secrétaire régional de l’Union Syndicale CGT-RATP en Île-de-France, selon qui « aucune fissure » n’est apparue dans le front syndical depuis le début du mouvement.

>> A lire sur France 24.com : Réforme des retraites, « il arrive parfois que la rue gouverne »

Reste à savoir si le mouvement de grève reconductible touchant la SNCF, la RATP ou encore les raffineries et les terminaux méthaniers pourra durer dans le temps.

Pour faire face, chaque organisation syndicale a mis en place des « caisses de grève » pour permettre aux salariés de tenir dans la durée, mais les grévistes interrogés assurent que cette aide est loin de compenser les pertes de salaire.

« Bloquer le pays peut être une solution, mais avec l’inflation et les difficultés économiques, cela ne se fait pas », a déclaré Philippe, 74 ans, un retraité venu défendre « la retraite des autres par solidarité ». « Je pense que malheureusement, les gens ne pourront pas faire durer cette grève dans le temps ».

France 24

Toutes les actualités du site n'expriment pas le point de vue du site, mais nous transmettons cette actualité automatiquement et la traduisons grâce à une technologie programmatique sur le site et non à partir d'un éditeur humain.
Bouton retour en haut de la page