L’évacuation était attendue depuis plusieurs jours. Le plus grand squat de France, situé à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), au sud de Paris, a été évacué dans la matinée du mercredi 17 avril. L’opération, à cent jours des Jeux olympiques, a mobilisé quelque 250 agents. , selon la préfecture du département.
Depuis 2021, ces bureaux désaffectés destinés à la démolition ont abrité jusqu’à 450 exilés, pour la plupart en toute légalité, selon les associations. De nombreux sans-abris qui y avaient trouvé refuge ont quitté les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre. Prévenus de leur expulsion imminente, certains sans-abri avaient quitté les lieux les jours précédents. Les quelque 300 occupants encore présents ont quitté les lieux peu après 8 heures du matin, lorsque l’intervention de la police a commencé.
Les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) les ont vu repartir avec des valises à la main, contenant tous les effets de leur vie en France, et le visage inquiet. Parmi eux, une majorité d’hommes célibataires, mais aussi des femmes accompagnées d’enfants. Certains d’entre eux vivaient dans ces locaux depuis plusieurs mois, ne parvenant pas à trouver un logement dans un logement privé ou en attendant un logement social. L’opération, qui s’est déroulée dans le calme, s’est terminée vers 14 heures.
« Des personnes en CDI, mais à qui on ne veut pas louer »
Les personnes expulsées se sont vu proposer un relogement temporaire par les autorités franciliennes ou régionales, comme à Bordeaux ou Orléans, après un diagnostic rapide de leur situation familiale et administrative. Le député pour 10e circonscription du Val-de-Marne, la « insoumise » Mathilde Panot, était là.
Derrière les fenêtres en miroir de l’immeuble à plusieurs étages, les occupants avaient placé lits et matelas à même le sol, voire sous les escaliers et dans les couloirs, faute de place. Des fils électriques pendent le long des murs décrépits, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l’eau froide. « Ce n’est pas que je suis heureux d’être ici, mais où vais-je aller ? », a demandé Mohammed Sayed, qui y vivait depuis trois ans. Cet Erythréen, bénéficiant du statut de réfugié et travaillant en permanence dans la maintenance électrique chez Eiffage, ne trouve pas de logement.
Selon l’association Migrants Unis, qui vient régulièrement en aide aux personnes ayant vécu dans l’immeuble, 80 % d’entre elles se trouvent légalement en France. Depuis plusieurs mois, le collectif Le Revers de la Médaille, qui regroupe des associations d’aide aux personnes précaires vivant dans la rue, alerte sur le sort des sans-abri dont les camps de fortune sont démantelés à un rythme plus soutenu. approche des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) selon ce collectif.
Selon Paul Alauzy, qui travaille à Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques. « Cela fait un an que nous assistons à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides »a-t-il déclaré à l’AFP. « Nous expulsons (s’accroupit) Des Tchadiens, des Soudanais, des Érythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat » puisque ces gens travaillent en Ile-de-France, a-t-il ajouté.
Ancien siège d’une compagnie de bus, le bâtiment de Vitry-sur-Seine a été peu à peu investi par des personnes expulsées d’autres squats d’Ile-de-France. Il y a un an, les autorités ont évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton à L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes des Jeux olympiques de Paris, où vivaient 500 migrants. En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais (Val-de-Marne) ont également été évacuées.