après de longs débats à huis clos, sénateurs et députés parviennent à un accord en commission paritaire

Conclusion. Après plus de huit heures de négociations, la commission mixte paritaire qui a réuni sept députés et sept sénateurs pour discuter des différents articles et amendements de la réforme des retraites, est parvenue à un accord. Réunis à huis clos dans la salle de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, les parlementaires ont évoqué les points « chauds » du projet de loi, et notamment ceux qui ont suscité des débats entre le camp présidentiel et Les Républicains. Les carrières longues, la prime aux mères et le CDI senior expérimental ont été largement évoqués par les élus lors des échanges.

9h La séance débute par les allocutions des 28 parlementaires présents, titulaires et suppléants, tandis que plusieurs documents sont distribués aux personnes présentes. « La comparaison des textes des deux chambres », précise un député. L’occasion pour les députés et sénateurs de faire connaître les positions de leur groupe sur la réforme. « Tout le monde parle… Un peu comme une discussion générale, mais avec tous les parlementaires qui donnent leur avis… C’est long », souffle sur place un élu. Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, met deux revendications sur la table : une clause de révision sur le CDI senior et la pénibilité – un avis partagé par les sénateurs LR -, et un geste sur les carrières longues avec un lissage de 43 rentes pour toutes les personnes qui ont commencé à travailler avant l’âge de 21 ans, avec le soutien de la majorité sénatoriale.

Consensus sur les carrières longues

10h30 Un premier consensus se dégage rapidement entre la majorité macroniste et la droite… sur les carrières longues. L’amendement Marleix, présenté un peu plus tôt par le président du groupe LR en personne, semble en passe d’être retenu. « Et pas l’amendement Pradié, hein, c’est très important de le préciser. Il faut que ce soit très clair », insiste un cadre du camp présidentiel. Alors que ces derniers jours ont été marqués par de nombreux meetings et divers échanges téléphoniques, LR et les troupes macronistes ont trouvé un « point d’équilibre » sur ce sujet, qui était tenu par une grande partie des députés de droite.

11h15. La séance est suspendue pour la première fois, après seulement deux heures de discussions. Les députés des Nupes en ont profité pour organiser un point presse à la Salle des Quatre Colonnes. Ce meeting, marqué par le live-tweet des députés Insoumis Mathilde Panot et Hadrien Clouet et celui de l’écologiste Sandrine Rousseau, est l’occasion pour la gauche de communiquer largement sur les discussions au sein du CMP. Et sur sa franche opposition à la réforme menée par le gouvernement. « C’est des petites magouilles de couloir et du gros désarroi pour les Français », lâche notamment le député socialiste Boris Vallaud. Pendant ce temps, d’autres élus s’impatientent… Les débats risquent de durer un peu plus longtemps que prévu. « Ça va durer 5/6 heures, puisqu’il faut faire durer le plaisir », plaisante le député MoDem Philippe Vigier.

13h Les articles sont votés les uns après les autres par la majorité macroniste et les Républicains. «Eh bien, toutes les bonnes choses sont conservées. Le texte reste le même, mais en plus on ruine la branche famille », regrette le député LFI Hadrien Clouet. Avant d’ajouter : « Nous venons d’obtenir le droit de défendre nos amendements au texte ! ». Quelques minutes plus tard, après les articles 1, 2, 3, 4 et 5, l’article 6 est adopté. Les débats sur le fameux article 7, qui officialise le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans, commencent. Les députés prennent une courte pause déjeuner.

Article 7 adopté, les rapports Nupes en direct sur Google Doc

14h28 L’article 7 relatif au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans est adopté. « Honte. Dix parlementaires votent à huis clos pendant deux ans pour l’ensemble de la population. N’oubliez pas : nous ne sommes que dix… et nous sommes des millions ! », tweete l’insoumise Mathilde Panot. Pendant ce temps, les députés du Nupes qui participent aux discussions mettent à jour en temps réel un document Word qu’ils partagent avec les journalistes. « Evidemment, ces informations sont sous embargo », précise un écologiste. Dès le début des discussions, la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée, Fadila Khattabi, avait pourtant prévenu : « Notre réunion se tient à huis clos, j’informerai le président si un membre de ce CMP n’a pas un comportement convenable ».

15h04 L’article 8 sur les carrières longues est adopté, répondant à certaines demandes formulées par le groupe LR et Olivier Marleix. La rencontre s’éternise et certaines tensions commencent à apparaître, notamment entre le sénateur macroniste Xavier Iacovelli et le centriste Charles de Courson. Quelques minutes plus tard, rare moment de calme et de consensus. Les amendements de la sénatrice socialiste Laurence Rossignol concernant le renforcement du droit à la retraite des mères de famille sont adoptés à l’unanimité. « Je suis déstabilisé d’être d’accord avec Madame Panot et Madame Rousseau », lâche même Olivier Marleix.

16h30 Article 10 adopté. Mais les débats glissent et prennent plus de temps que prévu. Les élus du Nupes continuent de défendre leurs amendements. « Ils essaient de faire obstruction, mais comme ils n’ont pas travaillé sur le texte et qu’ils ne sont que sur la forme, il leur est difficile d’y parvenir », rétorque le sénateur macroniste Xavier Iacovelli. « Ce n’est pas filmé donc ils en font moins que d’habitude. Ils ont simplement hurlé à midi parce qu’ils voulaient un « sandwich », lâche le député RN Thomas Ménagé.

17h. Les débats s’accélèrent et l’issue est proche. Les articles sont adoptés les uns après les autres. « Accord en vue », souffle, tout sourire, un élu macroniste.

17h33 Le comité mixte paritaire est concluant. Une large majorité de députés et de sénateurs s’est mise d’accord sur le projet de loi de réforme des retraites. Le plus dur reste à venir, avec un vote solennel, jeudi, au Sénat, puis à l’Assemblée nationale.