SSur la place Meynard, surplombant la flèche Saint-Michel, toujours fermée pour travaux, ce lundi matin 30 septembre, la vie semble réduite à son cours habituel, quotidien. Les premiers clients du café se pressent sous les grands parasols, les mains serrées sur un thé à la menthe ou une grande tasse de café chaud, tandis que restaurateurs et serveurs préparent le premier service du déjeuner.
Mais le réveil a sûrement été quelque peu difficile pour les habitants de ce quartier historiquement vivant du centre-ville. La veille, dimanche 29 septembre, vers 19h30, alors que les terrasses étaient encore bondées, l’arrivée d’un groupe d’une quinzaine d’individus vêtus de noir, cagoulés et casqués, certains même armés de barres de fer et de machettes, a provoqué un véritable émoi. panique.
Selon plusieurs témoignages recueillis par « Sud Ouest », la bande a fait irruption sur la place après avoir effectué un raid sur la perpendiculaire rue des Faures, une rue commerçante regorgeant de boutiques orientales et de boucheries halal, sans toutefois causer de dégâts ni faire de blessés. .
«Je prenais un café sur la place quand j’ai entendu des cris venant de la rue puis des bruits de verre brisé», explique Zach, étudiant en médecine, présent sur la terrasse du Ginkho au moment des faits. Immédiatement après, nous avons vu 10 à 15 gars tous en noir, nous avons immédiatement couru sans même prendre nos affaires. » « Au début, j’ai cru que c’était un racket d’extrême droite », raconte un autre témoin.
Des violences inhabituelles
S’ensuit une réaction de panique de la part des clients, qui se réfugient dans les commerces environnants. La bande, poursuivie par plusieurs autres personnes, s’est enfuie et s’est dispersée le long de la rue Saint-François adjacente. Il s’agirait d’une rixe entre bandes rivales “sur fond de trafic de drogue”, comme l’a indiqué lundi le maire Pierre Hurmic. Une enquête a été ouverte et les images de vidéosurveillance transmises à la police. Aucune arrestation n’a encore été effectuée.
Choqué, Zach a immédiatement quitté les lieux : « C’était impressionnant, l’une des plus grosses frayeurs de ma vie. Quand j’ai vu ces gars en noir, j’ai tout de suite pensé au pire, surtout au milieu de la place en début de soirée. » Même pour les commerçants, habitués aux bagarres et aux errances, un tel degré de violence est choquant. «On se demande ce qui va se passer dans le futur», murmure le gérant d’un café local. «À ce stade, c’est une des premières fois», explique Chloé (1), employée du restaurant italien La Tripletta. « La plupart du temps, nous avons des petites bagarres, des gens un peu dérangés qui nous volent parfois nos couteaux. Le plus souvent, ça se passe très bien, mais nous vivons dans un quartier très vivant, ce qui peut poser certains problèmes. »
Pas un épiphénomène
Car plus que la place Meynard, c’est la situation des rues des Faures et des Menuts qui intéresse. Reliant le cours Victor-Hugo et la place, les deux rues sont identifiées depuis plusieurs années comme un point de trafic et de consommation de drogue, principalement au niveau de la fontaine, et au centre de cas d’attentats. Ainsi en 2019, un épisode similaire s’est produit, avec une rixe entre deux bandes rivales se terminant sur les terrasses de la place Meynard ou plus récemment, en mai dernier, lorsqu’une bagarre entre une dizaine d’individus armés de machettes et de battes de baseball, rue des Menuts, a quitté trois personnes blessées.
« Même moi, si je n’habitais pas et ne travaillais pas là-bas, je n’y viendrais plus »
“J’habite le quartier depuis plus de quarante ans, c’est vraiment dommage de voir ce que ça devient”, raconte Rachid (1), boucher. En plus, à cause de l’insécurité, je vois beaucoup moins de monde qu’avant. Même moi, si je n’y vivais pas et n’y travaillais pas, je n’y viendrais plus. » Il ne veut pas laisser l’entière responsabilité à ces jeunes « qui zonent et qui dealent, mais qui n’ont absolument rien ». « Ils sont complètement livrés à eux-mêmes, ils ne font rien de la journée, cela conduit à la violence. » Et pointe la responsabilité des autorités. « Parfois on se fait prendre et je le retrouve au même endroit le lendemain ! »
De son côté, la municipalité, également vilipendée par l’opposition, reconnaît le problème et souhaite une présence plus forte de la police nationale. « Il faut voir plus de « bleu » dans cette zone », confirme Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité. Sur cette centaine de mètres, il y a clairement un blocage qu’il faut résoudre. » Tout en assurant que « bien sûr, il est toujours sécuritaire de pouvoir manger à Saint-Michel ».
(1) Les prénoms ont été anonymisés.