après le 49.3, les syndicats appellent à des rassemblements ce week-end

Dans la foulée de l’utilisation du 49.3 par Elizabeth Borne, l’intersyndicale a appelé jeudi à de nouveaux rassemblements ce samedi et dimanche, pour poursuivre la contestation contre la réforme des retraites et dénoncer le passage forcé du gouvernement.
Ils n’ont pas l’intention de laisser tomber la pression. Les syndicats prévoient ce week-end des « rassemblements locaux locaux » pour poursuivre la contestation contre l’impopulaire réforme des retraites, qui a déclenché, depuis le recours au 49.3, deux motions de censure pour tenter de renverser le gouvernement et des mobilisations partout en France.
L’intersyndicale a appelé jeudi, dans la foulée du recours d’Elisabeth Borne à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, sauf motion de censure, aux rassemblements de ce samedi et dimanche, ainsi que une 9e journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars.
Les syndicats de la SNCF les appellent à « maintenir la grève reconductible » entamée le 7 et « à agir massivement » jeudi prochain.
Le 49.3 a été ressenti « comme une insulte. On n’a pas été écouté depuis des semaines, ça a généré beaucoup de colère », a déclaré à l’AFP Philippe Melaine, professeur de SVT dans un lycée public de Rennes. plus de 2 000 personnes ont défilé vendredi, dont plusieurs centaines de lycéens.
Vendredi soir, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans la soirée place de la Concorde, à Paris, à quelques centaines de mètres de l’Assemblée. Un incendie s’est déclaré, allumé par des manifestants, et l’atmosphère s’est tendue à la tombée de la nuit, selon des journalistes de l’AFP.
Des centaines de personnes ont affronté la police en petits groupes, lançant des projectiles. Vers 21h30, l’endroit a été complètement évacué. Selon la préfecture de police, 61 personnes y ont été interpellées dans la soirée.
A Strasbourg, c’est sur la place Kléber que 1 600 manifestants se sont rassemblés. « Nous aussi passerons en force », ont scandé les manifestants. La préfecture fait état de « dégradations » dans le centre-ville, mais pas d’interpellations.
A Lyon, des manifestants ont fait irruption dans une mairie d’arrondissement et allumé un incendie, mais la police l’a rapidement éteint et a interpellé 36 personnes, selon la préfecture.
Toujours à Lyon, quelques centaines de jeunes ont incendié des poubelles, renversé des scooters, brisé des panneaux publicitaires, lancé des pétards et tagué des vitrines en scandant : « A qui est-ce ? A qui est-ce ? C’est à nous ! », selon un journaliste de l’AFP sur La police a répondu en utilisant des gaz lacrymogènes.
Motion de censure « transpartisane »
Un millier de personnes ont défilé dans le centre de Lille et un cortège de quelques centaines de manifestants s’est dispersé sans heurts dans Bordeaux.
Les motions de censure devraient être examinées à l’Assemblée nationale lundi à partir de 16 heures, selon des sources parlementaires.
Dans ce climat de crise, le groupuscule Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) a déposé une motion de censure « transpartisane » cosignée par des élus du Nupes. Ce dernier est plus susceptible d’être voté par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue pour faire tomber le gouvernement semble difficile à atteindre.
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Ce groupe Liot, qui compte 20 députés de diverses tendances politiques, se retrouve ainsi dans une position charnière.
Le Rassemblement national a déposé sa propre motion de censure. « Et nous voterons pour toutes les motions de censure présentées », a déclaré la députée RN Laure Lavalette.
Blocage du périphérique parisien, des gares de Toulon ou de Bordeaux, grève à l’Opéra de Lyon, manifestations… les opposants au relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans ont repris sporadiquement le combat vendredi, le plus souvent à l’initiative de la CGT.
Climat électrique
A Bordeaux, sur les rails ou sur les quais des gares, agitant leurs drapeaux aux couleurs des principaux syndicats, 200 personnes ont crié : « La colère monte ».
« Le 49.3 a tendu tout le monde », a déclaré Rémi Vinet, secrétaire général de la CGT Cheminots à Bordeaux, prédisant que la grève allait « s’étendre à d’autres secteurs ».
La CGT a également annoncé l’arrêt de la raffinerie TotalEnergie en Normandie ce week-end.
Dépêchés aux matinées télé et radio du vendredi, des poids lourds du gouvernement ont tenté d’éteindre l’incendie. « Nous avons vocation à continuer à gouverner », a déclaré le porte-parole Olivier Véran. Le ministre du Travail Olivier Dussopt a refusé de présenter l’utilisation du 49.3 comme « un échec ».
Mais pour le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, si le président Emmanuel Macron veut « éteindre le feu » de la colère sociale, il doit « retirer la réforme » ou « ne pas la promulguer ».
Jeudi, 310 personnes avaient été interpellées en France, dont 258 à Paris, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dénonçant des « effigies brûlées » à Dijon et des « préfectures ciblées ».
Avec l’AFP
France 24