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de plus en plus d’Européens voient les États-Unis comme un « allié »


32% des Allemands et 52% des Danois voient Washington comme un allié selon le sondage ECFR. Samuel Corum/GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD/Getty Images via AFP

Deux ans plus tôt, Washington était davantage perçu comme un « partenaire nécessaire », selon un sondage réalisé par un centre paneuropéen dans dix pays européens.

« Quelle perception avez-vous des États-Unis ? interrogeait le Conseil européen des relations extérieures (ECFR) il y a deux ans, adressée aux populations d’une dizaine d’Etats de l’Union européenne. En janvier 2023, le Centre paneuropéen de recherche et d’influence leur a posé à peu près la même question, et la réponse est légèrement différente. Plus d’un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, un segment croissant considère les États-Unis non seulement comme «partenaire nécessaire« , mais comme «allié« .

La différence est «léger mais significatif», note le think tank, indiquant une évolution particulièrement notable en Allemagne et au Danemark. Ainsi en 2023, 32% des Allemands et 52% des Danois considèrent Washington comme un allié envers leur pays. En 2021, ils étaient respectivement 19% et 35% à y voir un allié de l’Europe. La vision du « partenaire nécessaire » recule légèrement : 33 et 32 ​​% en 2023, contre 39 et 38 % en 2021.

La notion d’« allié » prévaut donc désormais dans le royaume scandinave, comme en Grande-Bretagne : 44 %, contre 40 % des sondés qui considèrent les États-Unis comme un partenaire nécessaire (les chiffres 2021 outre-Manche ne sont pas connus).

La perception des États-Unis par les pays européens. Conseil européen des relations extérieures.

En 2021, le sondage mettait davantage l’accent sur la faiblesse américaine par rapport à la Chine, la volonté de rester neutre en cas de conflit entre les deux superpuissances et l’importance pour l’UE de développer sa propre défense. Deux ans plus tard, «Le pivot du président Biden vers l’Europe a eu un effet significatif sur l’opinion publique à travers le continenten déduit l’ECFR. Lors de la guerre d’Irak de 2003, Washington a divisé les Européens (…). En revanche, sur l’Ukraine, l’administration Biden a contribué à favoriser une nouvelle unité entre les euro-atlantistes traditionnels et les souverainistes européens».

Le temps propice aux alliances

Faut-il y voir une tendance, comme le suggère le think tank ? «L’enquête est une photographie à un instant donné, et le contexte n’est pas anodin», tient à souligner le géopolitologue Yves Boyer, professeur à l’université Panthéon-Sorbonne. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la position de l’Amérique en tant que force motrice sur la scène géopolitique s’est accrue. Washington est de loin le premier donateur à l’Ukraine, avec plus de 73,18 milliards d’euros annoncés depuis janvier 2022, dont 60 % d’aide militaire. Celle-ci franchit une nouvelle étape en février avec l’annonce de l’envoi de chars lourds.

Joe Biden s’est rendu en Pologne, à Kiev, et n’hésite pas à taxer son homologue russe de «dictateur meurtrier» Et «criminel de guerre ». Dans le même temps, le président américain met volontiers en avant la solidité de l’alliance transatlantique. L’Otan est «plus fort que jamais« , et le soutien de l’Amérique aux Européens »,inébranlable», a-t-il déclaré un an après le début de la guerre.

«Les temps sont clairement propices aux alliances», commente à son tour Jean-Marie Ruiz, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Savoie. «La guerre en Ukraine renoue avec le concept d’alliances. Elle a donné une nouvelle vigueur à l’Otan, rappelant sa raison d’être, et plus généralement à l’alliance transatlantique à travers la nouvelle guerre froide – l’opposition Russie-Ukraine, mais aussi au-delà du tandem Etats-Unis-Chine ».

En fait, la même enquête constate une augmentation du nombre de personnes (66%) considérant la Russie comme «adversaire ou rival». Il y a deux ans, la perception la plus répandue était que la Russie était un partenaire nécessaire pour l’Europe. Ainsi, alors que «l’idée même de l’Occident était en déclin», «l’avènement d’un axe Chine/Russie à la recherche d’un ordre international post-occidental l’a remis au goût du jour», analyse le docteur en sciences politiques. «Sur la défensive, l’axe transatlantique n’a d’autre choix que de se serrer les coudes« .

Pas forcément une tendance

Les deux géopolitologues nuancent cependant les résultats de l’enquête. «Si les mêmes personnes avaient été interrogées sur la politique globale des Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe, notamment en matière de compétitivité industrielle, la réponse aurait été plus mesurée.», précise Yves Boyer. En effet, l’Inflation Reduction Act (IRA) et ses mesures protectionnistes pour les entreprises américaines ont fait grand bruit en Europe, menaçant fortement la compétitivité des industriels du Vieux Continent. A tel point que la vice-présidente exécutive de la Commission de Bruxelles, Margrethe Vestager, en charge de la Concurrence, a dit craindre une «guerrecommerce avec Washington.

De même, l’alliance Aukus, avec pour corollaire l’annulation par l’Australie du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français en 2021, sonnait comme un «trahisonde l’allié américain vis-à-vis de la France. En regardant dans le détail, on constate que les Allemands et les Français sont plus réservés. 32% des premiers considèrent Washington comme un allié, contre seulement 25% des seconds. En France, 41% des personnes interrogées continuent de considérer l’alliance transatlantique simplement comme un partenariat »nécessaire« .

«Les orientations traditionnelles sont retrouvées : le Royaume-Uni a choisi le grand large après le Brexit, tandis que l’Allemagne et la France restent européennes avant tout», explique Jean-Marie Ruiz. «N’oublions pas que dans ce domaine, tout est guerre d’influence», se souvient Yves Boyer. «Il y a une volonté des deux côtés de faire preuve d’unité« . Sans nier la validité scientifique de l’enquête, le professeur estime qu’elle «ne reflète certainement pas la réalité géopolitique, ni la position des décideurs économiques, pris dans la réalité des affrontements d’intérêts« .


lefigaro -fp

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