des bonus pour les clients qui consomment moins

TotalEnergies et Engie accorderont des primes aux ménages performants. Un mécanisme qui leur profite aussi.
Encouragez les clients à consommer moins du produit qui leur est vendu. C’est inhabituel, mais les énergéticiens s’y mettent, dans un contexte de pénurie et de prix stratosphériques de l’électricité. Engie et TotalEnergies, les numéros deux et trois du secteur de la fourniture d’électricité aux particuliers en France, ont dévoilé mercredi des incitations à la baisse des consommations pour cet hiver.
« TotalEnergies récompensera ses clients qui auront réduit leur consommation d’électricité d’au moins 5% cet hiver par rapport à l’hiver précédent », explique-t-on à la compagnie d’énergie. Le montant de ce « prime à la consommation » sera compris entre 30 euros (pour une baisse de 5 % de la consommation) et 120 euros (pour une baisse de 20 %). Elle sera déduite de la facture en avril 2023. Trois millions de foyers pourront en bénéficier, selon le groupe.
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Engie mettra en place le même type de système, mais plus ciblé les jours où la France risque de manquer d’électricité, et donc de faire très froid. Les consommateurs souhaitant en bénéficier devront s’inscrire sur « défis quotidiens ». Ils devront réduire leur consommation d’un certain pourcentage. S’ils réussissent, ils recevront un chèque à la fin de l’hiver.
Gros chèque pour les entreprises
Chez EDF, pas de prime pour les clients. Le fournisseur historique, qui a récupéré un certain nombre de foyers fuyant les hausses de prix parfois spectaculaires des fournisseurs alternatifs, mise pour sa part sur « des solutions qui ont fait leurs preuves et qui offrent des opportunités de réduction et d’annulation »comme l’offre Tempo, explique un porte-parole du groupe.
Primes ou offres à prix variables selon les tensions : si les clients y trouvent leur intérêt, les fournisseurs aussi. Pour le comprendre, il faut se plonger dans leur mode de fonctionnement. A chaque fois qu’un nouveau contrat est signé, ces derniers achètent sur les marchés à terme une grande partie de l’électricité que leur nouveau consommateur va consommer. Cependant, une partie de cette consommation reste non couverte car difficilement prévisible. Notamment celui généré par les vagues de froid hivernales. Dans ces cas, le fournisseur doit acheter des kilowattheures la veille pour le lendemain en fonction de la météo, et à un prix élevé.
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« En hiver, les clients génèrent des risques financiers pour leurs fournisseursexplique Alexis Gléron, président du cabinet de conseil Augmented Energy. S’il fait froid, les clients consomment plus et coûtent plus cher que prévu. Les surcoûts peuvent aller jusqu’à effacer la marge commerciale. Donc, si les clients sont incités à consommer moins, le fournisseur réduit son risque. Meilleur, « Les énergéticiens ont intérêt à ce que leurs clients sous-consomment en période de pics de prix, car ils peuvent revendre les kilowattheures acquis sur le long terme et donc à bas prix le plus haut possible »explique Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Energie.
Cependant, il est plus facile d’inciter les entreprises que les particuliers à consommer moins. « Le fournisseur sait d’avance, car il l’a négocié avec son client, que l’activité va s’arrêtersouligne Alexis Gléron. Pour les particuliers, c’est beaucoup plus difficile à prévoir. Certains fournisseurs spécialisés dans la clientèle professionnelle proposent actuellement des primes très attractives pour s’assurer que les entreprises se retireront (c’est-à-dire réduiront ou arrêteront leur production) lors des pointes hivernales. Les chèques s’élèvent entre 500 000 et 1 million d’euros. Il s’agit en fait de partager avec le client le profit réalisé par le fournisseur en revendant à un prix très élevé sur le marché de gros l’électricité qu’il aurait dû fournir.
Le gestionnaire de réseau RTE reverse 1 milliard
L’opérateur du réseau de transport d’électricité RTE reversera au moins 1 milliard d’euros à ses usagers début 2023, un montant sans précédent en raison de la forte hausse de ses revenus, a-t-il annoncé mercredi dans un communiqué. Ce montant pourrait même monter à 1,5 milliard. Cette restitution exceptionnelle « correspond au surplus exceptionnel prévu pour 2022 du fait des tensions sur le marché de l’électricité », explique RTE. Le gestionnaire de réseau est notamment rémunéré pour l’utilisation des interconnexions électriques entre la France et ses voisins. Une partie de cette rémunération est liée aux écarts de prix entre la France et l’étranger. Pourtant, ces « spreads » ont battu des records cette année, générant pour RTE des bénéfices bien supérieurs à ceux qu’il est censé percevoir selon la réglementation. Les grands industriels directement raccordés au réseau haute tension recevront donc des chèques de RTE.
lefigaro -Économie et commerce