Dossier d’agression sexuelle : une erreur policière gâche un procès

[ad_1]
Une femme dont le témoignage contre son agresseur présumé s’est étendu sur cinq semaines se dit dévastée par l’arrêt brutal du procès pénal suite à une bavure policière.
• Lisez aussi : Un couple maudit d’Abitibi accusé de 11 ans de voies de fait
« Je me suis vraiment sentie abandonnée. Il faut se battre pour tout, et là, il faut tout recommencer », déplore Johanie Bellemare St-Georges.
Le 30 novembre, la poursuite a demandé la suspension des procédures du procès devant jury de son agresseur présumé, Daniel Laframboise, qui se déroulait depuis septembre au palais de justice de Rouyn-Noranda.
Cette décision a eu un effet choc en Abitibi-Témiscamingue, où les médias locaux suivent l’affaire depuis l’arrestation de l’homme de 54 ans. Il faisait face à six chefs d’accusation, dont une agression sexuelle avec lésions corporelles.
Trois plaignantes ont comparu dans le dossier, mais l’une d’entre elles a perdu la vie au cours de la procédure.
L’autre ne peut pas être identifié en vertu d’une ordonnance du tribunal. Mme Bellemare St-Georges a pour sa part fait lever l’interdiction de publication sur son identité.
Capture d’écran TVA Nouvelles
Daniel Laframboise, accusé.
Personnages inventés
La femme de 38 ans aurait vécu l’enfer pendant 11 ans, entre 2007 et 2018, sous le joug de l’homme qui l’aurait hébergée dans sa maison familiale, alors qu’elle traversait une période difficile.
Selon la théorie du procès, Laframboise aurait manipulé ses victimes, entre autres, à partir de plusieurs personnages inventés qui leur envoyaient des milliers de mails, les incitant à entretenir avec lui des rites BDSM (bondage et discipline, domination et soumission, sadisme et masochisme).
« Depuis que j’ai dénoncé, j’ai subi quatre ans et demi de traumatisme judiciaire. Alors maintenant, ça », lâche la plaignante, ébranlée par le jugement du procès.
Preuve manquante
Une erreur d’un enquêteur dans le dossier serait à l’origine de cette fin abrupte et inattendue.
Elle n’aurait pas soumis toutes les preuves à la défense en temps voulu.
La nouvelle a été brutale pour la plaignante, qui estimait pourtant que son dossier allait bien. Elle s’est sentie solide lors de son témoignage.
« Je comprends que l’erreur est humaine, mais pour une victime, pour moi, la conséquence est inhumaine », a-t-elle déclaré.
Mme Bellemare St-Georges a témoigné pendant 15 jours, répartis sur cinq semaines, des atrocités que Laframboise lui aurait fait subir.
« C’est la pire expérience de ma vie, après ses abus. Et je devrai peut-être l’endurer une autre fois. Ça n’incite pas les victimes à dénoncer », s’insurge celle qui se dit néanmoins prête à témoigner une seconde fois si le parquet dépose de nouvelles charges, dans le délai d’un an prévu par la loi.
Cette affaire survient deux ans après la publication du rapport reconstruire la confiance par Québec, au sujet du soutien aux victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.
Mme Bellemare St-Georges veut aussi dénoncer les failles du système « pour toutes les victimes qui n’ont pas la force. Je veux que les choses changent. »
Un pas en arrière
« C’est absurde de voir une telle situation. C’est vraiment un pas en arrière », appuie Andréane Brouard, intervenante au Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles (CALACS).
Elle qualifie la plaignante qu’elle a suivie tout au long du processus judiciaire de « résiliente » et de « combattante ».
Laframboise n’est pas tiré d’affaire. Il fait face à la justice dans une affaire connexe, dans laquelle il est accusé de se faire passer pour une autre personne, de menaces et d’entrave.
[ad_2]
journaldemontreal-local