Le Conseil d’État autorise enfin le concert de Freeze Corleone à Rennes

Le Conseil d’État a rejeté le recours de la ville de Rennes qui voulait interdire au rappeur de se produire sur scène dans la commune ce samedi, en raison de propos jugés antisémites.
Estimant que ce concert ne présente pas »risques avéréspour semer le trouble, le Conseil d’Etat a finalement suspendu l’interdiction prononcée par la mairie de Rennes. Le 28 février, la maire PS de Rennes Nathalie Appéré a pris un arrêté municipal interdisant le spectacle du chanteur programmé dans le cadre d’un festival, soulignant notamment un risque de «désordre public« à cause des paroles »considéré comme antisémite« .
Mais Freeze Corleone – Issa Diakhaté pour l’état civil – avait saisi le tribunal administratif de Rennes qui avait suspendu l’arrêté municipal. La mairie avait immédiatement annoncé qu’elle déposait un recours devant le Conseil d’Etat.
Après avoir entendu l’affaire vendredi, ce dernier a considéré dans son ordonnance qu’elle n’aboutissait pas »que la tenue du concert litigieux comporterait un risque avéré de commission d’une infraction susceptible de porter atteinte au respect de la dignité humaine et de caractériser un trouble à l’ordre public« . «En prenant l’arrêté d’interdiction litigieux, le maire de Rennes a violé de manière grave et manifestement illégale les libertés d’expression, de réunion et d’entreprise», ajoute le Conseil d’Etat.
Des textes qui ne seront pas interprétés à Rennes, assure le rappeur
Pour justifier son interdiction de concert, la ville de Rennes a notamment cité l’ouverture d’une enquête en 2020 concernant Freeze Corleone pour «propos jugés antisémites, prônant le nazisme et le terrorisme« . Mais «cette enquête aboutit un an plus tard à un non-lieu au motif que les faits (…) étaient prescrits», souligne le Conseil d’Etat.
Outre, «s’il ressort de l’enquête que le rappeur Freeze Corleone a écrit et chanté des textes, dont le contenu n’est pas contesté, contenant des passages faisant positivement référence au nazisme et présentant manifestement un caractère antisémite« , assure l’artiste »que ces textes ne sont plus ceux qui composent aujourd’hui ses concerts« Et qu’il ne les interprétera pas à Rennes, ajoute l’ordre.
Le rappeur est programmé le 18 mars dans le cadre du festival de rap «Boominfest Rennes”, qui s’affiche complet. Figure montante du rap français, Freeze Corleone est sorti en septembre 2020 par son label, Universal Music, qui dénonce «propos racistes inacceptables». Sur Youtube, ses clips totalisent plusieurs millions de vues.
lefigaro -fp