Le constructeur français a remporté l’appel d’offres en mars dernier. Il fournira quatre bateaux océaniques, dérivés des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) français Barracuda.
C’est fait. C’est Naval Group qui va moderniser la flotte de sous-marins d’attaque océaniques des Pays-Bas, qui ne disposent plus d’industrie sous-marine indépendante depuis 2001. Le constructeur français, leader européen du naval de défense, avait remporté, en mars dernier, l’appel d’offres lancé par le gouvernement néerlandais, à l’issue d’un long processus d’évaluation engagé depuis 2015. L’offre de Naval Group a été préférée à celle faite par l’allemand TKMS et à celle associant le suédois Saab-Kockums au néerlandais Damen, spécialiste des navires de surface. L’Espagnol Navantia a été éliminé en 2019, suite à une première sélection.
Mais encore fallait-il mener des négociations exclusives avec la Dutch Defence Materials Organisation (DMO), transmettre le projet d’acquisition détaillé au Parlement et obtenir le feu vert. Alors qu’au printemps dernier, les députés étaient divisés et une virulente campagne anti-française battait son plein.
Une valeur estimée à 5,6 milliards d’euros
Il a donc fallu attendre six mois pour que le contrat – d’une valeur estimée à 5,6 milliards d’euros – soit signé ce lundi entre Gijs Tuinman, secrétaire d’État néerlandais à la Défense, et Pierre Éric Pommellet, PDG de Naval Group. Cette étape donne le coup d’envoi du programme destiné à équiper la Marine royale néerlandaise de quatre bateaux expéditionnaires à long rayon d’action, dérivés des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) français Barracuda.
” Un vaste processus d’acquisition a montré que le sous-marin proposé par Naval Group était la meilleure solution pour remplacer les sous-marins de la classe Walrus. Les sous-marins Orka, Zwaardvis, Barracuda et Tijgerhaai donneront à la Marine royale néerlandaise une longueur d’avance en matière de guerre sous-marine», précise Gijs Tuinman. Ceci, en renforçant l’autonomie stratégique des Pays-Bas. De son côté, Pierre Éric Pommellet se disait « extrêmement honoré» que Naval Group a été choisi par «l’un des opérateurs de flotte sous-marine les plus avancés de l’OTAN, répondant à des exigences opérationnelles et techniques élevées“.
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La signature du contrat intervient après la conclusion en septembre d’un accord de coopération industrielle entre Naval Group, associé à Royal IHC, leader dans la conception et la construction de navires et d’équipements pour l’industrie du dragage et de l’offshore, et le ministère néerlandais des Affaires économiques. 10. Aux termes de cet accord, Naval Group s’engage à coopérer avec les entreprises et instituts scientifiques locaux sur une durée de vingt ans. Le Français travaille depuis des décennies avec l’industrie navale néerlandaise, qui est déjà son deuxième fournisseur international. Naval Group a identifié 300 partenaires potentiels, dont 50 avec lesquels il entretient des liens historiques. Parmi eux, Thales Pays-Bas, spécialisé dans les systèmes de commandement et de tir, les capteurs et les radars. Ce plan industriel garantit «que l’écosystème néerlandais développe et maintient son expertise et son implication tout au long du cycle de vie des sous-marins ».
Le plan industriel prévoit que les quatre sous-marins seront assemblés dans les chantiers navals de Naval Group à Cherbourg mais que plusieurs systèmes critiques et la maintenance seront à la charge des Pays-Bas. La Haye vise une autonomie stratégique en matière d’opérations de maintenance (MCO) et d’amélioration continue des bateaux, à travers la mise en place de nouvelles normes. Le plan de coopération prévoit que l’assemblage des modules formant la coque sera réalisé par Royal IHC. Coque dans sa totalité qui sera sous la responsabilité de la société Marine, leader en hydrodynamique.
Ces nouveaux bateaux succéderont aux sous-marins d’attaque conventionnels de classe Walrus, vieux de plus de 30 ans, dont le premier a été mis hors service l’automne dernier. Les deux premiers sous-marins Orka, propulsés par des moteurs diesel-électriques, seront livrés entre 2034 et 2037. Ils pourront embarquer des torpilles américaines Mark 48 ainsi que des missiles de croisière.