Les Oscars attendent la vague « Everything Everywhere All At Once »

Le sursaut promis aura-t-il lieu ? Les Oscars s’ouvrent dimanche avec un ultra-favori peu orthodoxe: « Everything Everywhere All At Once », une comédie loufoque qui mêle un trou noir en forme de bagel avec des jouets sexuels utilisés comme nunchucks.
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L’Académie espère que le public des grands soirs sera au rendez-vous pour assister au triomphe annoncé de ce film loufoque, nominé dans 11 catégories et qui a remporté un franc succès dans les salles, avec 100 millions de dollars au box-office.
De quoi enfin faire oublier la fameuse claque de Will Smith, qui avait défrayé la chronique l’an dernier.
Mêlant action, humour potache et science-fiction, « Everything Everywhere » raconte les aventures d’une propriétaire de laverie surmenée, incarnée par Michelle Yeoh, soudainement sommée de sauver une multitude d’univers parallèles d’une force maléfique : l’alter ego de sa fille dépressive.
Pour y parvenir, elle doit utiliser les pouvoirs de ses différentes vies alternatives, visitant des mondes souvent complètement fous, où certains humains, par exemple, ont des doigts en forme de hot-dogs.
Réflexion émouvante sur l’amour familial, le film est porté par un casting brillant, majoritairement asiatique. Il a remporté la plupart des prix décernés avant les Oscars.
« Derrière le film, il y a un groupe de personnes très attachantes, pour qui il est impossible de ne pas éprouver de sympathie », résume Scott Feinberg, chroniqueur spécialisé pour The Hollywood Reporter.
Mais cette domination, prophétisée depuis des semaines, pourrait se heurter au système de vote pour l’Oscar du meilleur film, qui tend à pénaliser les oeuvres polarisantes.
L’un des votants aux Oscars confie ainsi à l’AFP que certains membres de l’Académie, notamment parmi les plus âgés, émettent des réserves sur le succès du film.
« C’était un film très audacieux et unique, mais pas un film traditionnel, (…) il pourrait se retrouver plus haut dans le classement pour beaucoup de gens », explique-t-il sous couvert d’anonymat.
Cela pourrait profiter à l’adaptation allemande du roman pacifiste « En Occident, rien de nouveau », ou au blockbuster de Tom Cruise « Top Gun : Maverick », une carte populaire qui a permis au public de renouer enfin avec les salles obscures. après la pandémie.
La concurrence entre les acteurs est beaucoup plus serrée.
« Je ne me souviens pas d’une année (…) où trois des quatre catégories d’acteurs étaient vraiment quittes ou doubles », observe M. Feinberg.
L’Oscar de la meilleure actrice se joue entre Cate Blanchett, chef d’orchestre impitoyable dans « Tar », et Michelle Yeoh, l’héroïne de « Everything Everywhere », qui pourrait devenir la première gagnante d’origine asiatique à décrocher ce prix.
Pour le meilleur acteur, Austin Butler (« Elvis »), Brendan Fraser (« The Whale ») et Colin Farrell (« The Banshees of Inisherin ») sont au coude à coude.
Tout comme Angela Bassett (« Black Panther : Wakanda Forever »), Jamie Lee Curtis (« Everything Everywhere All At Once ») et Kerry Condon (« The Banshees of Inisherin ») pour la statuette du meilleur second rôle féminin.
Seul Ke Huy Quan, ancien enfant star de « Indiana Jones et le Temple maudit » oublié par Hollywood pendant plus de 20 ans, semble quasiment certain de décrocher un Oscar, à force d’accumuler les récompenses pour son second rôle de mari attachant dans » Tout partout ».
L’ombre de la fameuse gifle l’an dernier de Will Smith au comédien Chris Rock, après une blague sur l’alopécie de sa femme, plane également sur cette cérémonie.
L’épisode devrait générer des plaisanteries inévitables, mais la productrice exécutive des Oscars Molly McNearney veut clairement la fermeture. « On va parler de l’événement (…) et passer à autre chose », a-t-elle déclaré cette semaine.
L’année dernière, l’Académie a été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix du meilleur acteur sur scène après son agression. Il est depuis 10 ans banni des cérémonies et cette année, une « équipe de crise » doit travailler en coulisses pour se préparer à toute éventualité.
La cérémonie compte sur la présence des suites de « Top Gun » et « Avatar », deux blockbusters majeurs, pour tenter de contrer la baisse générale de son audience.
Car malgré un rebond l’an dernier, l’intérêt pour les Oscars a considérablement diminué depuis l’âge d’or des années 90. En 1998, 57 millions de téléspectateurs – un record absolu – avaient assisté au triomphe de « Titanic », récompensé par 11 statuettes.
« Ce monde a disparu », observe M. Feinberg. « Mais si l’audience n’augmente pas par rapport à l’année dernière, l’Académie aura un gros problème. »
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