Divertissement

les premiers coureurs au monde recensés aux portes de l’Europe


Un cavalier et son cheval, près de la ville de Qamichli, en Syrie, en septembre 2021. Delil SOULEIMAN, AFP

Après avoir examiné plus de 200 restes humains, une équipe de chercheurs a découvert plusieurs individus dont les ossements portent la trace d’une vie passée à cheval, au début du IIIe millénaire av.

Les manuels scolaires enseignent que la domestication du cheval remonte à la fin du Néolithique, environ 3500 à 3000 ans avant notre ère. Ce phénomène, qui accompagne la maîtrise de la nature par l’homme, est né des steppes pontiques, à l’extrémité occidentale de la grande plaine eurasienne. Quant aux ancêtres de nos chevaux actuels, ils ont été apprivoisés au début de l’âge du bronze, vers 2200 ans avant notre ère, peu avant l’apparition des premiers chars. Mais de quand datent les premiers cavaliers ? Les hypothèses galopent en nombre, peu étayées. Jusqu’à la publication début mars d’une étude décisive : l’équitation existe depuis au moins la première moitié du IIIe millénaire.

Une vingtaine de scientifiques finlandais, roumains, bulgares, polonais et américains se sont penchés, entre 2019 et 2022, sur les restes de 217 individus, majoritairement des hommes issus de cultures steppiques. Leurs ossements, datés du Ve au IIe millénaire av. J.-C., ont été découverts dans 39 sites différents. Au moins 150 de ces défunts appartenaient à la culture Yamna, un groupe pontique semi-nomade qui avait migré, vers 3000 av. J.-C., des confins du Caucase aux portes de l’Europe. Les membres de cette culture, connue pour les kourganes qu’elle a laissés en Russie et en Ukraine, montaient-ils à cheval ? Les chercheurs ont fait parler les os. Et ces cinq os millénaires ont répondu.

Sur les centaines de restes examinés, une vingtaine présentent des traces et des déformations que l’on retrouve typiquement chez un cavalier expérimenté, annoncent les chercheurs dans leur étude publiée le 3 mars dans la revue scientifique Avancées scientifiques . Parmi ces vingt individus prometteurs, neuf appartiennent à la culture Yamna. Enfin, les cinq restes humains présentant des déformations caractérisées avec le plus de certitude sont également Yamna. Ils correspondent à des personnes enterrées en Hongrie, Roumanie et Bulgarie, décédées – selon leur datation au carbone 14 – entre 3021 et 2501 av.

Patrouilleurs des steppes

Ces cinq individus morts en Europe de l’Est, lors de l’essor des premières cités-États mésopotamiennes, seraient les premiers cavaliers scientifiquement attestés. Leur identification repose sur un ensemble de six indices ostéologiques, c’est-à-dire relatifs aux os, tels que des traces de contraintes sur le bassin et les fémurs, une déformation du cotyle ou encore une dégénérescence du rachis. La multiplication de tels indices augmente la probabilité que l’individu examiné ait eu une activité physique soutenue liée à l’équitation au cours de sa vie. Ces marqueurs osseux caractéristiques de la vie équestre sont bien connus des archéo-anthropologues ; la même approche a permis de reconnaître un cavalier parmi l’un des individus enterrés dans les sarcophages découverts sous Notre-Dame de Paris.

« Les marqueurs de stress biomécaniques sur les squelettes humains fournissent un moyen viable d’approfondir l’étude de l’histoire équestre, et peuvent même fournir des indices sur les styles et l’équipement des cavaliers », disent les chercheurs dans leur étude. Les scientifiques ont estimé que les traces de stress observées correspondent à la technique la plus primitive de l’équitation. En témoignent les représentations de cavaliers de l’âge du bronze sumérien, cette pratique exigeante voyait le cavalier accroché à son cheval – sans selle ni étriers. Malgré l’inconfort et la difficulté que cela impliquait, les chercheurs n’écartent pas totalement la piste d’une fonction guerrière de ces premiers cavaliers, même si leur utilité était sans doute relative.

« Avoir un moyen de transport rapide pour se projeter puis se retirer d’une zone de raid devait être utile, même si le combat était à pied», observent les signataires de l’étude, dont les travaux ont notamment été financés par le Conseil européen de la recherche. «Les cavaliers étaient principalement employés pour patrouiller de vastes zones et contrôler de plus grands troupeaux de bétail. bovins et ovins, ajoutent-ils. En bref, comme le résume pour l’Agence France Presse Martin Trautmann de l’Université d’Helsinki, l’un des signataires de l’étude, « c’étaient des cow-boys, pas des guerriers ». Le développement pastoral de la société Yamna semble donc avoir été accompagné, dans le Grand Ouest des steppes pontiques, par des générations de cavaliers.

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