Santé

Pourquoi la HAS veut faciliter la vaccination des enfants de 2 à 17 ans contre la grippe


DÉCRYPTAGE – Au-delà de l’intérêt individuel pour chaque enfant, l’autorité anticipe également des effets positifs au niveau collectif. Explications.

En 2022, pas moins de douze pays européens, ainsi que l’Australie, le Canada, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, recommandaient la vaccination contre la grippe pour les enfants en bonne santé. La France les rejoindra-t-elle ? Alors que le vaccin n’est pour l’instant recommandé qu’aux enfants risquant de développer une forme grave en raison d’une maladie préexistante (asthme, cardiopathie congénitale, diabète de type 1, etc.), la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier un avis équilibré, mais positif, à cet égard. Des experts scientifiques indépendants, sollicités par la Direction générale de la santé, recommandent de rendre possible, mais non obligatoire, la vaccination de tous les enfants de 2 à 17 ans.

L’enjeu est pluriel, explique la HAS. Tout d’abord, proportionnellement plus d’enfants consultent un médecin en ville ou aux urgences pour cette maladie que les autres tranches d’âge. C’est notamment le cas des 2-5 ans, qui représentent 23 % des consultations pour syndrome grippal aux urgences, alors qu’ils ne représentent que 5 % de la population. Au-delà du bénéfice individuel pour chaque enfant, la HAS prévoit également des bénéfices collectifs. Si les enfants étaient moins touchés par la grippe, la pédiatrie française, en grande difficulté, serait soulagée d’une partie de son activité. De plus, on sait que les enfants sont les premiers touchés par l’épidémie et produisent beaucoup plus de virus qu’un adulte lorsqu’ils sont contaminés ; en limitant le nombre de cas parmi eux, on devrait réduire l’épidémie chez les plus de 65 ans, à qui ils peuvent transmettre cette maladie qui tue quelque 8 000 personnes âgées en moyenne chaque année. C’est du moins ce qu’ont montré deux études « en vie réelle » au Japon et au Royaume-Uni, indique la HAS.

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L’avis des sages est consultatif, mais leurs conclusions sont généralement suivies par le ministère de la Santé, seul habilité à inscrire la vaccination au calendrier et à valider le remboursement par la Sécurité sociale. Il existe 5 vaccins antigrippaux autorisés en France, mais la HAS conseille aux enfants de privilégier Fluenz Tetra, car c’est le seul spray nasal, plus facilement acceptable pour les enfants, surtout si la vaccination est répétée chaque année. A noter toutefois que ce vaccin n’est actuellement pas commercialisé en France. La HAS souligne également que tous les vaccins sont généralement bien tolérés. En revanche, la question d’une baisse de leur efficacité au fil des années, due aux injections répétées, n’est pas tranchée, notent les experts.

Plus d’hospitalisations avant 5 ans

Pour le Pr Emmanuel Grimprel, chef du service de pédiatrie à l’hôpital Trousseau de Paris (AP-HP), la HAS a maintenu un subtil équilibre en demandant l’accès à la vaccination contre la grippe pour tous les enfants, « sans le recommander textuellement ». En cause, certaines limites propres aux vaccins et à leur contexte. « Incontestablement, il existe un risque accru d’hospitalisation pour grippe chez les enfants de moins de 5 ans ans, et particulièrement chez les enfants de moins de 6 ans mois, pendant lesquels il est recommandé de vacciner la mère pendant la grossesse afin qu’elle transmette ses anticorps », souligne le pédiatre. Or, l’avis de la HAS passe à côté d’une partie de la cible puisqu’il ne concerne que les enfants à partir de 2 ans, faute de données sur l’intérêt des vaccins chez les plus jeunes, précise le rapport. Notez également le Pr Grimprel, les vaccins contre la grippe ont chez l’enfant, comme chez l’adulte, une efficacité variable et globalement moyenne.

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Mais d’autres données sont à prendre en compte dans la balance bénéfices-risques, poursuit le pédiatre. L’élargissement de l’objectif de vaccination aux enfants pourrait à la fois contribuer à réduire les inégalités de santé, « car on sait que les classes sociales défavorisées paient plus cher les maladies infectieuses, quelles qu’elles soient »et aussi favoriser l’accès aux soins. « Quand on voit qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous chez le médecin, et que par défaut de nombreuses familles se rendent aux urgences qui peinent à répondre à la demande, la prévention vaccinale a clairement un rôle à jouer. D’autant que la situation n’est pas près de s’améliorer. »

lefigaro -helth

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