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Samedi de colère pour les syndicats, sur fond de baisse de la mobilisation et de tensions à Paris


Le nombre de manifestants était en baisse pour cette septième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Mais le mécontentement des syndicats demeure : ils appellent l’exécutif à demander l’avis du peuple, via une « consultation citoyenne ».

«En colère», les syndicats promettent de maintenir la pression sur le gouvernement, malgré une journée d’action plutôt décevante. Ce samedi 11 mars, 368 000 personnes ont battu le pavé selon le ministère de l’Intérieur, pour la septième fois contre le projet de réforme des retraites, qui touche à ses dernières étapes au Parlement. La CGT revendique plus d’un million de manifestants à travers le pays. Dans les rangs des cortèges, la journée a été marquée par le «déterminationdes participants, qui s’est également manifestée par des heurts avec la police à Paris.

En début d’après-midi, les patrons des centrales à l’origine du mouvement social ne cachaient pas leur déception, au début d’une journée qui s’annonçait moins puissante que les autres. Samedi est pourtant, à leurs yeux, une belle opportunité pour les familles et les salariés du privé de rejoindre les manifestants. Une perte de temps, les cortèges ayant été beaucoup moins fournis. Qu’importe : pour les syndicats, il s’agit d’additionner les deux manifestations qui ont eu lieu cette semaine pour avoir le vrai chiffre. Et si moins de personnes ont répondu présents, cela ne doit pas cacher la colère profonde et de plus en plus forte des opposants, jugent-ils.

« La détermination a dépassé le stade de la colère »

Il faut dire que les derniers rebondissements du texte – l’accélération des débats au Sénat, les discours polémiques des membres du gouvernement, dont le porte-parole, Olivier Véran, jugés durement par les syndicats – ont renforcé l’impression d’un le pouvoir campait fermement sur ses positions. La réponse d’Emmanuel Macron aux demandes d’accueil de l’intersyndicale, sans succès, a fini de les agacer.

«C’est très curieux, pour ne pas dire scandaleux», s’était indigné Laurent Berger, peu avant le départ du cortège parisien. «On nous dit, passez votre chemin, il n’y a rien à voir», a ajouté le patron emblématique de la CFDT. «La détermination a dépassé le stade de la colère», a quant à lui prévenu Philippe Martinez, de la CGT, parlant d’un «vrai bras d’honneur [de l’exécutif] au mouvement social« .

«Les gens risquent de se dire, si le gouvernement veut la violence et les blocages, donnons-lui ce qu’il veut» ajoutait son homologue de Force Ouvrière, Frédéric Souillot, quand Laurent Escure, pour l’Unsa, sentait que nous »passe d’une crise sociale à une crise politique« . «Mépris», «confrontation stérile»… Les propos étaient durs, entre syndicalistes, pour juger de l’attitude de l’exécutif. «La réponse du Président de la République a été : va te faire foutre !», s’est aussi agacé Philippe Martinez. Atmosphère.

Violences et dégâts

A Paris, contrairement au reste du territoire, le cortège partant de la place de la République a été marqué par des violences, des dégradations de mobilier urbain et des heurts avec les hommes en bleu. Celles-ci étaient redoutées par les syndicats : mardi, lors de la dernière mobilisation parisienne, le service de sécurité encadrant la tête du cortège syndical avait empêché des manifestants violents, en tête, de se cacher parmi les participants. De quoi exaspérer les individus, qui avaient multiplié les blagues, les insultes, les doigts d’honneur et les cris de «collaborateursenvers les membres des services de l’ordre syndical.

A Paris, la police est intervenue pour éteindre un incendie dans des poubelles. Wladimir Garcin-Berson pour Le Figaro

«Ils pourraient nous le montrer, cette fois», confiait le patron d’une centrale électrique, samedi midi. La mobilisation a ainsi été précédée de plusieurs centaines d’individus vêtus de noir et multipliant les slogans anticapitalistes ou antifascistes, qui se sont ralliés aux syndicats pour entraver l’action de la police, ou, peut-être, pour entraver le service de l’ordre syndical. La préfecture de police a également relevé des jets de projectiles sur la CGT, dans la capitale.

Face à ces perturbateurs, la police a chargé à plusieurs reprises d’éloigner les personnes violentes des syndicats, interpellé 32 individus selon la préfecture de police et fait usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogène. Ailleurs en France, les mobilisations se sont déroulées pour la plupart dans le calme. Sauf à Nantes où des violences ont éclaté entre certains manifestants et des CRS en fin de journée, en marge du cortège. La police a utilisé des gaz lacrymogènes.

Une forte baisse de la mobilisation

Cette journée de contestation est aussi marquée par un nombre de participants qui est tombé à son plus bas niveau. A Paris, 300 000 Français sont descendus dans les rues de la capitale, a annoncé la CGT. Alors que le ministère de l’Intérieur en recense 48 000. Une mobilisation en forte baisse par rapport aux 700 000 manifestants revendiqués par le syndicat après la dernière mobilisation, mardi 7 mars. Et au même niveau que la journée du 16 février qui avait jusqu’alors enregistré la plus faible participation depuis le début du mouvement social.

Dans les régions, les participants manquent également. Comme à Nantes où 13.000 manifestants se sont rassemblés, a indiqué la préfecture de police à 17 heures, contre 25.000 selon l’intersyndicale. Mardi 7 mars, ils étaient 30 000 selon la préfecture, et 75 000 selon les syndicats. A Nice, 8.000 personnes se sont rassemblées, a indiqué la CGT, contre 2.300 selon la préfecture. Le mouvement était également beaucoup plus faible que mardi dernier. Le 7 mars, la CGT annonce 30 000 manifestants, contre 6 000 pour la préfecture.

Demander l’avis des français

Et maintenant ? Après cette nouvelle journée, alors que des grèves reconductibles sont toujours actives dans certains secteurs, dont les transports, la situation semble bloquée. Malgré sept mobilisations, les syndicats n’arrivent pas à faire bouger le gouvernement, qui avance à pas de loup sur son projet de réforme, souhaitant aller vite après le quinquennat. «Ça me dérange… qu’on en soit là… on devrait pouvoir travailler ensemble sur des questions politiques de fond», regrette, amèrement, un patron d’une centrale syndicale.

Ainsi, mercredi, les opposants descendront à nouveau dans la rue, avant d’annoncer, dans la soirée, les suites à donner à un mouvement social qui piétine. Dans le même temps, les syndicats ont lancé, samedi, un défi à l’exécutif : demander au peuple son avis, via un référendum ou tout dispositif similaire, sur les points les plus explosifs du texte – le recul de l’âge légal, et l’accélération de la période de cotisation. «Puisque le Président de la République est si sûr de lui, il consulte les citoyens !» Lancé, bravade, Philippe Martinez, sûr de gagner l’adhésion populaire.

A plus long terme, les syndicats accusent l’exécutif de mettre en danger l’équilibre démocratique en refusant d’écouter la rue. «L’état de notre démocratie m’inquiète de plus en plus», soupire François Hommeril, de la CFE-CGC, quand Laurent Berger «imploréau gouvernement de sortir de cette crise par le haut, en prenant du recul. Certains s’inquiètent également d’une recrudescence des violences, face au silence du gouvernement. Lequel rappelle qu’il a été élu sur un programme, qui comportait notamment une réforme des retraites. Le dialogue de sourds continue.

lefigaro -fp

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