Sa nomination par le Parlement japonais, où la coalition au pouvoir dispose d’une confortable majorité, n’était qu’une formalité, c’est désormais un fait accompli. Après un vote sans surprise des deux chambres, Shigeru Ishiba est officiellement devenu, mardi 1euh Octobre, le nouveau Premier ministre du Japon suite à un vote au Parlement. M. Ishiba, 67 ans, a remporté vendredi au terme d’une course serrée la tête du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), parti au pouvoir quasiment sans interruption au Japon depuis 1955.
M. Ishiba a rapidement annoncé la composition de son gouvernement, qui compte à ses côtés 19 membres, dont deux femmes. L’ancien secrétaire général Katsunobu Kato a été nommé ministre des Finances, tandis que le général Nakatani est en charge de la Défense et Takeshi Iwaya est nommé ministre des Affaires étrangères.
M. Ishiba, un homme politique aguerri qui a déjà occupé plusieurs postes ministériels dont la défense et l’agriculture, avait déjà tenté à quatre reprises de prendre les rênes du PLD, sans succès. Sa personnalité, qui divise au sein du parti, est à l’opposé de celle de son prédécesseur Fumio Kishida, relativement apprécié des électeurs, selon les analystes.
Parmi une série de défis sur les plans économique et politique ainsi que sur la scène internationale, M. Ishiba sera confronté notamment à la consommation atone des ménages japonais et à la faiblesse de la croissance des salaires, qui constituent un frein à la croissance du pays. . Shigeru Ishiba soutient la normalisation monétaire initiée par la Banque du Japon cette année – une position qui a fait grimper le yen vendredi et faire chuter la Bourse de Tokyo lundi, où les investisseurs craignaient également la perspective d’une hausse de l’impôt sur les sociétés.
Série de scandales politico-financiers
La question inquiétante de la baisse de la natalité au Japon – qui compte la population la plus âgée du monde derrière Monaco – devrait également figurer parmi ses priorités, M. Ishiba étant particulièrement soucieux de s’attaquer aux problèmes du nombre d’heures de travail et de renforcer le soutien aux parents. Il devra également faire face à la méfiance des électeurs à l’égard de son parti après une série de scandales politiques et financiers qui l’ont ébranlé et miné la cote de popularité de M. Kishida.
Au-delà des frontières japonaises, le nouveau dirigeant devra également gérer les tensions internationales, tandis que son prédécesseur s’est engagé à doubler les dépenses de défense et à renforcer les liens avec les États-Unis et d’autres pays ébranlés par la montée en puissance de la Chine et le comportement de la Russie et de la Corée du Nord.
La semaine dernière, un navire de guerre japonais a traversé pour la première fois le détroit de Taiwan. Une semaine plus tôt, un porte-avions chinois avait navigué entre deux îles japonaises proches de Taïwan. Le Japon a également fait décoller des avions de combat à plusieurs reprises ces dernières semaines pour répondre aux activités des avions russes et chinois, y compris dans son espace aérien.
M. Ishiba, qui s’est rendu à Taiwan en août, est favorable à la création d’une alliance militaire dans la région, basée sur le modèle de l’Otan et son principe de défense collective. « En remplaçant la Russie par la Chine et l’Ukraine par Taïwan, l’absence d’un système d’autodéfense collective comme celui de l’OTAN en Asie fait que des guerres risquent d’éclater car il n’y a pas d’obligation de défense mutuelle »M. Ishiba a déclaré dans un récent document politique.