Tony Blair espère toujours la fin du Brexit, mais pas pour l’instant

Dans une interview accordée à plusieurs agences de presse européennes, l’ancien Premier ministre britannique, farouche opposant au Brexit, estime que pour l’instant la priorité est d’organiser la coopération avec l’UE.
Un retour du Royaume-Uni dans l’Union européenne, dont il est sorti après le référendum sur le Brexit de 2016, n’est pas envisageable avant de nombreuses années, a estimé l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. «Que et comment le Royaume-Uni revienne dans l’UE, c’est pour une génération future. Je pense que c’est la réalité», a déclaré Tony Blair, dans une interview à l’AFP et aux agences de presse européennes Ansa, DPA et Efe, depuis les bureaux de son Institute for Global Change, dans le centre de Londres.
L’ancien dirigeant travailliste de 69 ans s’était fermement opposé au Brexit, faisant notamment campagne en Irlande du Nord pour prévenir les conséquences d’une sortie de l’UE sur la paix dans la province, secouée par trois décennies de violences jusqu’à l’accord de paix signé en avril 1998, près de il y a 25 ans. Les institutions de la province sont paralysées depuis un an, face au boycott du parti unioniste DUP, qui s’oppose aux dispositions post-Brexit en Irlande du Nord.
«Je pense que le débat au Royaume-Uni en ce moment porte davantage sur notre volonté de reconstruire une relation solide avec l’Europe, sur ce que je pense que nous devrions faire, et j’espère que les travaillistes le pensent aussi», a estimé Tony Blair. «Je pense qu’il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire ensemble« , il ajouta.
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« Les dégâts sont évidents »
Selon lui, le Royaume-Uni et l’UE ont de nombreux sujets à traiter en commun, comme l’énergie et le climat, la recherche ou encore la défense et la sécurité après l’invasion russe de l’Ukraine. «Je pense qu’il est très important d’essayer de coopérer dans le domaine de la technologie« , il ajoute, «car sinon, l’Europe, dont le Royaume-Uni fait partie, sera écrasée entre les deux géants technologiques que sont les États-Unis et la Chine, et peut-être même par un tiers, l’Inde« .
«La tâche immédiate est de régler les problèmes du Brexit, car les dégâts sont évidents», insiste aussi Tony Blair, évoquant la déception des Britanniques face aux difficultés économiques, à l’immigration clandestine ou encore aux problèmes du système de santé publique, qui «Brexiteursavait promis de résoudre avec le Brexit.
Après les tensions entre l’UE et le Royaume-Uni sous Boris Johnson, la tenue d’une ligne dure sur le Brexit, puis après l’éphémère Premier ministre Liz Truss, l’actuel locataire de Downing Street Rishi Sunak semble vouloir un plus apaisé avec l’UE. Il a récemment conclu un accord avec Bruxelles pour ajuster les règles commerciales post-Brexit en Irlande du Nord, ainsi qu’un nouvel accord avec la France pour lutter contre l’immigration clandestine.
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L’opposition travailliste, largement en tête dans les sondages à moins de deux ans des prochaines élections législatives, ne remet pas en cause la sortie de l’UE, son chef Keir Starmer promettant de «faire fonctionner le Brexits’il arrive au pouvoir.
«Je pense que beaucoup de gens au Royaume-Uni sont ambivalents à propos du Brexit. Même si je pense que les gens voient les problèmes (provoqués par le Brexit), ils ne veulent pas revenir aux divisions créées par ce débat», explique Tony Blair. «Je comprends donc parfaitement la position du Labour« .
lefigaro -fp