Samedi après-midi, Nolann Le Garrec (22 ans, 5 sélections) retrouvera sa ville natale et, à La Rabine, l’équipe entraînée par son père Goulven. Le demi de mêlée international revient sur les sentiments qui l’animent et explique également pourquoi il a choisi de rejoindre La Rochelle la saison prochaine.
À quel point ce match est-il spécial pour vous ?
C’est un rêve d’enfant, un défi et un plaisir. J’ai quitté Vannes à 14 ans et pouvoir revenir aujourd’hui sur mes terres est quelque chose d’exceptionnel. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pas imaginé jouer un jour contre Vannes en Top 14, sous le maillot du Racing.
Votre père Goulven est responsable des compétences à Vannes. Comment abordez-vous cette rencontre, sur le plan émotionnel ?
C’est spécial. Je parle beaucoup de rugby avec mon père, après chaque match de championnat. (…) J’avais cette date en tête depuis la sortie du calendrier du Top 14. Ça va être un grand moment pour le club, pour ma famille, pour moi…
Comment gérez-vous l’émotion de ce duel avec votre père ?
Gérer les émotions fait partie de notre métier. Chaque week-end, on joue contre des amis, des ex-coachs… C’est un peu devenu une routine. En réalité, nous utilisons tous ce genre d’émotions pour transcender notre performance.
Je suis presque né dans ce club
Y aura-t-il un plan anti-Le Garrec samedi à La Rabine ?
Je ne pense pas, car au Racing, le danger peut venir de partout. (…) Mon père et Jean-Noël (Spitzer, le manager du RCV) m’ont vu jouer et grandir. Parfois, les jours de repos, je venais même aider avec quelques compétences en formation. Et puis, je n’ai pas raté un match du RCV depuis six ans.
Votre père est spécialisé dans la technique individuelle des rugbymen. Y a-t-il des actions où il est plus fort que vous ?
(Il rit) Il m’a longtemps dit que son laissez-passer était plus long que le mien. Il a essayé de m’entraîner à le surpasser. Mais nous avons tous les deux travaillé dur.
Que signifie RCV pour vous ?
Je suis presque né dans ce club, en fait. Mon père était entraîneur, j’avais deux ou trois ans… Je connaissais les réceptions d’après-match dans l’ancien stade, sous une tente. J’ai rendu les ballons à l’attaquant. J’ai évolué en 2016 (de Fédérale 1 à Pro D2, NDLR) au sein du kop de Vannes. Jusque-là, j’étais dans les coulisses à regarder, à observer. Maintenant, je dois être acteur.
\ud83e\udd29 Le demi de mêlée breton Nolann Le Garrec était présent au stade Ernest-Wallon pour assister à la victoire de son club formateur du RC Vannes, en finale contre Grenoble. pic.twitter.com/DeUmKDfkjp
– RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) 9 juin 2024
A Vannes, les spectateurs respectent un silence absolu sur les tirs au but. Est-ce que cela va vous déstabiliser ?
On a déjà beaucoup parlé du silence. C’est un bel endroit, un beau stade, un beau public. J’espère que cela inspirera tout le championnat et même au-delà… J’ai vécu ces moments de nombreuses fois dans les tribunes, en tant que spectateur.
Jusqu’où le RCV a-t-il progressé ces dernières années ?
Avant, nous avions des terrains impraticables en hiver. Les pros se sont entraînés dans une salle de sport. Aujourd’hui, ils ont un terrain synthétique extérieur, un autre terrain couvert… Ce club a grandi et c’est magnifique.
Qui soutiendra ta mère ? Toi ou ton père ?
C’est un peu une question… Tout le monde est un peu divisé dans la famille… Les matchs de Vannes à domicile seront tous importants pour la survie du club dans l’élite. (…) Si le Racing gagne, ils seront contents pour moi. Si le RCV gagne, il le fera aussi.
Avec plus de réalisme à Castres ou contre La Rochelle, on serait troisièmes au classement et on dirait qu’on travaille bien.
Quel avis avez-vous du RC Vannes ?
Ils sont entrés dans le vif du sujet avec ce match contre Toulouse puis petit à petit, ils se sont mis dans le rythme du championnat. Ils sont très organisés sur les lancements, tentent de surprendre aux quatre coins du terrain, et ont une créativité plutôt admirable. Au final, La Rabine sera un peu le stade Jean Dauger de Bayonne, une place difficile à prendre.
Vous rejoindrez le Stade Rochelais la saison prochaine. Pourquoi cette décision ?
J’ai décidé de faire un choix assez tôt. De nombreuses échéances importantes approchaient. Je voulais seulement penser au rugby. Le flottement ne devrait pas impacter mon rugby. J’avais envie de découvrir un nouvel environnement, une nouvelle ferveur… Mais jusqu’à la fin de la saison, je suis à 100% avec le Racing.
Il est difficile de suivre le plan de jeu du Racing depuis le début de la saison… Avez-vous perdu le fil ?
Nous n’avons rien perdu. Le Top 14 et ses matchs se jouent à 70% dans les trois dernières minutes. Avec plus de réalisme à Castres ou contre La Rochelle, on serait troisièmes au classement et on dirait qu’on travaille bien. Mais nous ne sommes jugés que sur le résultat. On serre les dents et on travaille.