Un préavis de grève illimitée, proposé par FO à partir du lundi 30 septembre, a été déposé par l’écrasante majorité des salariés d’Interforum, la filiale de distribution et de diffusion du groupe Editis – deuxième éditeur français, racheté il y a quelques années seulement. un an par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ainsi, depuis lundi à l’aube, les nouveaux livres de Michel Bussi, Les Assassins de l’Aube (Presses de la Cité, 408 p., 22,90 euros), et Riad Sattouf, Moi, Fadi, le frère volé (Livres du futur, 152 p., 23 euros) restent sur les palettes de stockage de l’entrepôt de Tigery (Essonne).
Des poids lourds, depuis le dernier opus de Michel Bussi, Mon cœur a bougé, s’était vendu à plus de 80 000 exemplaires, tandis que la dernière bande dessinée de Riad Sattouf avait un tirage de 360 000 exemplaires.
En pleine saison littéraire, la livraison de ces best-sellers dans leur point de vente est donc bloquée jusqu’à nouvel ordre et les librairies ne sont pas livrées. Par ailleurs, près d’un million d’exemplaires d’ouvrages en tout genre dont la parution est prévue la semaine du 7 octobre n’ont pas encore été distribués. Pour Isabelle Menil, déléguée syndicale centrale FO chez Interforum, «Depuis des mois, nous alertons en vain la direction sur la dégradation des conditions de travail et le manque de reconnaissance du travail effectué par les salariés d’Interforum.»
Méthodes brusques
Mmoi Menil réclame de meilleures conditions financières, d’autant qu’Interforum en est bénéficiaire. Le syndicaliste se plaint, tout comme la CGT, de l’absence totale de dialogue et de concertation avec Denis Olivennes, président d’Editis, et la directrice du groupe, Catherine Lucet. Et elle décrit leurs méthodes brusques : deux huissiers ont été dépêchés lundi matin pour constater que le chargement des camions s’était arrêté.
Mmoi Menil accuse la direction d’avoir embauché des intérimaires alors que le préavis de grève avait déjà été déposé vendredi 27 septembre. Une démarche illégale. Le service communication d’Editis maintient cependant que “L’embauche d’intérimaires a été plus précoce et correspond à un pic d’activité en octobre”. Les responsables de la maison d’édition veillent également à ce que le dialogue “n’est pas cassé” et qu’une réunion devait avoir lieu avec les représentants de FO lundi dans la journée.
En décembre 2023, un premier mouvement social, concrétisé par une grande manifestation devant le siège social – fait rarissime dans le secteur tranquille de l’édition – avait déjà opposé les salariés d’Interforum à la direction d’Editis sur la question salariale.